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D'ici et d'ailleurs
11 décembre 2010

Haïti

« 2 000 morts ». Ca ne tient pas beaucoup de place quand on l’écrit, quand on le lit, le matin, une tasse de café à la main, le journal vaguement ouvert entre des bribes de rêves et l’agenda des réunions de la journée.

« 2 000 morts ». En moins de 2 mois, c’est autant de drames dans les familles, c’est autant d’amis disparus, de maris emportés, d’amours effacés.

Le 17 octobre, trois enfants sont morts à l’école.

Vous comprenez ce qui se cache derrière ces quelques mots ? « trois enfants sont morts à l’école ». Le matin, ces trois élèves d’une dizaine d’années, ces trois enfants, ont pris leur petit déjeuner en riant et en se chamaillant avec leurs frères et sœurs. Peut-être n’ont-ils même pas embrassé leurs parents car ils couraient déjà vers leurs copains, leurs copines, qu’ils retrouvaient sur le chemin de l’école. Soudainement, en pleine classe, ils ont eu mal au ventre, très mal. Ils ont demandé à leur instituteur l’autorisation d’aller aux toilettes. La douleur leur tordait de plus en plus le ventre. Ils ne pouvaient pas en ressortir car toute l’eau de leur corps sortait de leur derrière, sans s’arrêter, sans s’arrêter. Rapidement, ils se sont complètement déshydratés. L’instituteur, leurs copains, leurs copines, ne comprenaient pas. Une diarrhée, ça arrive. C’est normal. Mais là ! Ils n’ont pas su quoi faire. Ils étaient désarmés, désemparés. Ils n’ont pas eu le temps de les emmener au dispensaire. Trois enfants sont morts déshydratés en quelques heures, à l’école.

« 2 000 morts ». C’est autant d’histoires identiques et personnelles. Ce sont autant de personnes qui riaient le matin et qui étaient mortes le soir. Autant d’histoires arrêtées brusquement, de manière incompréhensible.

« Le choléra, c’est horrible. On meurt trop rapidement. Je préfère attraper le Sida. ». Vous imaginez ?

Non ?

Alors, je reprends.

Vous prenez un pays créé par des esclaves. Oui, des esclaves. Un pays né de la douleur, dès le commencement. Vous ajoutez 2 siècles de sous-développement, quelques dizaines de dictateurs, la drogue et la violence dans les bidonvilles, et des cyclones chaque année. Cerise sur le gâteau, un séisme détruit la capitale. 200 000 morts. 1 millions de sans abris. 1/10 de la population ! 1/10 !!!! Et un nouveau cyclone…

Et des étrangers, venus aider mais mal encadrés et irresponsables, répandent le choléra dans une rivière. Toute la population d’un département tombe rapidement malade. Toute la population du pays, deux mois plus tard, est menacée. TOUTE  la population ! Si, demain, les 60 millions de Français que nous sommes risquaient de tomber malade, et de mourir, en quelques heures, à chaque fois que nous buvons un verre d’eau ou que nous serrons la main d’un ami, que croyez-vous que nous ferions ? Sincèrement ? Imaginez un instant 100% de la population française menacé par une maladie qui tue ses victimes en quelques heures. Pas en quelques jours ! Non ! En quelques heures ! Vous vous levez le matin en pleine forme et, à midi, vous êtes morts ! Vous avez soufferts. Et vous êtes morts ! Voilà, c’est ça le choléra !

Des étrangers l’ont introduit, par mégarde, inconscience, irresponsabilité. Et, aujourd’hui, 2 000 personnes sont mortes. Et, dans les prochains mois, dans les prochaines années, plusieurs milliers d’autres personnes vont mourir ! Qui sera responsable. Personne sûrement. Haïti n’a pas d’armée, ni arme nucléaire. Haïti n’a ni pétrole, ni uranium. Haïti n’existe pas sur la carte du monde. Tout juste sur la carte des crises humanitaires, pour quelques mois encore, avant la prochaine.

Il y a un homme qui vit dans le quartier Raboto de Gonaïves. Il vit dans un fauteuil roulant, avec sa sœur. Sa femme est partie. Il a 10 enfants. Sa sœur en a 5. Leur taudis mesure 5m sur 4m. Il n’est pas étanche. Il a deux fenêtres. Pas de latrines. Pas d’eau. Pas d’électricité. Pas de nourriture. Pas de médicaments. Combien seront encore en vie dans quelques semaines ?

Dans tous les pays du monde, il y a des gens qui vivent dans la pauvreté.

Il y a pire.

Il y en a qui  vivent dans la misère.

Il y a pire.

Il y en a qui vivent dans le dénuement.

Il y a pire.

Il y en a qui vivent dans les ordures.

Et ceux-là, en plus, ils meurent du choléra.

Entre autres…

Merde !

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