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1 mars 2005

Comment parler "etranger"

A l'étranger, c'est simple, le premier mot a apprendre c'est "oui". Aussi, pour vous faire gagner du temps, je vous donne la réponse tout de suite, en espagnol, c'est "si". Maintenant, vous êtes prêts pour l'Amérique du Sud et je vous le prouve en 3 exemples clairs et succincts:

1er exemple

Au restaurant (c'est la ou vous êtes amenés a parler le plus), vous commandez un "pisco sour" en attendant le plat principal. Le pisco est un alcool de raisin qui comporte quelques dizaines de degrés. "Sour", ça veut dire avec de la glace et du citron. Ça se boit très bien quand il fait chaud (et même quand il fait moins chaud) mais faut pas en abuser, comme on dit....

Bref, vous dégustez lentement votre apero, plongé dans un livre passionnant ("La reine des bandits", pour ceux que ça intéresse) et, peu a peu, arrive ce qui devait arriver... votre verre se termine... et la tète vous tourne légèrement et agréablement....

A ce moment, la serveuse vous apporte votre assiette (bien calculé) et vous parle rapidement en "étranger" en vous désignant votre verre. Perdu dans les brumes de l'incompréhension, vous saisissez malgré tout qu'elle vous demande la possibilité de vous desservir de cet instrument vide et donc devenu inutile.

Votre réponse est donc:

"Si ¡ Si ¡"

Et vous vous plongez avec allégresse dans votre assiette.

Lorsque la servante revient avec un second verre de "pisco sour"....

2ème exemple

Toujours au resto (je vous ai dit qu'on y parlait beaucoup), vous êtes plongé dans une carte des menus en "étranger" (l'épreuve qui tue ¡¡¡). Mais comme vous êtes devenu habile en "étranger" ... et qu'il y a plein de mots qui ressemblent au français, vous repérez les grandes catégories: entrées, salades, poissons, viandes, desserts...

Bon, il y a une catégorie qui s'appelle "salsa". Ça doit être une spécialité chilienne... Vous approfondissez donc l'étude de cette partie et votre choix s'arrête pour une "salsa" au vin blanc, a la crème et a l'origan. Ça doit être bon ¡¡¡

La serveuse revient prendre votre commande, vous écoute, vous regarde et vous demande si "vraiment, vous ne prenez rien d'autre avec ? Ça sera tout?"

Plein d'aplomb, vous répondez

"Si ¡ Si¡"

La serveuse s'éloigne... puis revient au bout de quelques minutes. "Le chef ne peut pas vous servir la "salsa" tout seul. Il faut prendre des pâtes avec". Pas compliqué, vous prenez des pâtes... Et vous passez le reste du repas a chercher votre "salsa" dans votre assiette...

Rentré a l'hôtel (Indiana, un hôtel très coloré que je recommande...), vous jetez un coup d'oeil dans votre dictionnaire, par curiosité...

Salsa: sauce

Pas très nourrissant...

3ème et dernier exemple (qui ne se passe pas au resto)

Un magnifique et enneigé volcan vous nargue depuis hier. Dans la nuit, il rougeoyait sous les étoiles. Magnifique... A défaut de l'escalader par manque d'équipements adaptés, vous décidez d'en faire le tour. Une belle rando de 3 jours en perspective...

Grand ciel bleu, bus, pic nique, muni d'une carte déplorable et d'un lourd sac a dos, vous voici a pied d'oeuvre et au pied des 1 500 m de dénivelé poussiéreux et sinuant d'une méchante et désagréable piste. N'écoutant que votre vaillance et les 30c au soleil qui vous martèle la tète, vous vous élancez en traînant les pieds. Au bout de 200m, première intersection qui n'existe pas sur la carte... Grâce a votre boussole et votre flair infaillible, vous n'hésitez que 15 mn et vous prenez a gauche.

Au bout de 500 m et quelques mures (ma foi très sucrées), vous apercevez un camion en train de décharger du grain (ça, vous le saurez plus tard) dans une ferme. Vous vous approchez pour confirmer votre flair et votre boussole. Banco ¡¡¡ Vous aviez bien choisi ¡¡¡ Et l'aimable chauffeur se propose de vous emmener jusqu'au bout de la piste au fil de ses livraisons.

2h de voyage cahoteux, a l'arrière du camion, avachi sur la paille, découvrant sans fatigue le volcan immaculé (en haut, par ce qu'en bas, il est plutôt noir) qui se rapproche peu a peu et la vallée qui s'éloigne avec plaisir (votre plaisir, pas celui de la vallée).

Arrivé a la dernière ferme, le chauffeur vous demande a quel endroit, exactement, vous souhaitez aller. Dans son "étranger", vous reconnaissez un mot qui figure sur la carte. Plein de joie, vous dites:

"Si ¡ Si¡"

Et il vous indique la direction.

Motivé et écrasé par votre sac, vous vous élancez, pas trop vite, sur la piste poussiéreuse qui poursuit, sineuseusement et dans la foret, son ascension vers plus haut. Paysage alpin magnifique, silence, quelques gros oiseaux jaunes et noirs (non, ce ne sont pas des taxis), au bec recourbé vous survolent en criant. Nouvelle intersection. A gauche. Encore une. A gauche. Une nouvelle. A gauche. Et, sur cette p... de carte, rien d'autre qu'une piste rectiligne et solitaire... Intersection. Gauche. Intersection. Gauche. Intersection...

Au bout d'1h30 de pied devant l'autre, une ferme habitée ¡¡¡ Vous vous approchez. Encore des gens qui ne parlent qu'"étranger". La piste? Non, c'est un cul de sac, elle s'arrête sur des falaises. La piste que vous recherchez? Ah oui ¡ Mais il faut faire demi tour, vous l'avez loupé...

Retour a la case départ... vous étiez parti dans la mauvaise direction... Au moins, vous avez la satisfaction de savoir ou vous allez planter votre tente ce soir: au début de la randonnée...

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Commentaires
J
Eviter de partir avec un sac trop lourd, pour laisser une place pour le dico<br /> ou apprendre la langue indigène avant de partir<br /> ou partir avec un interprète<br /> ou ne voyager qu'en pays francophone<br /> ou promouvoir la langue française, langue internationale à la place de l'anglais ou de toutes autres langues réputées incompréhensibles<br /> ou être parfaitement autonome et se passer de tout contact avec tout être humain<br /> <br /> De toutes façons se méfier des faux amis<br /> <br /> ça me rappelle furieusement un steak Marsala dégusté en Yougoslavie d'avant la fin du mur. il s'agissait non pas d'une super sauce au vin, mais bien d'un steak à la gloire du Marsala autrement dit le maréchal Tito<br /> <br /> c'est dommage que tu fasses tout ça tout seul. Bises
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