Un dimanche matin d'automne (austral)
8 h, je suis au chaud dans mon duvet et je n'ai aucune envie d'en sortir. Il a plu et venté toute la nuit. La tente est inondée. Les paroies sont humides. Il fait 5 c. Il pleut. Il neige.
Le topo avait bien précisé: lieu de bivouac "exposed", en plein vent. Mais face a ce glacier dominé de pics noirs et élancés, face a ce glacier se jetant du haut d'une falaise de 200 m dans un lac turquoise, face a ces chutes de séracs assourdissantes, comment hésiter ?
Toujours est-il qu'après les derniers rayons de soleil, le mauvais temps s'est installé. Il fait froid, humide et je me blottie au fond de ce dernier îlot de confort.
Dernières hésitations. Je sors un bras, attrape une gamelle et... j'écope... Première victoire: il n'y a plus de lacs dans ma tente ¡
Je sors un second bras et prépare mon ultime répit: le petit déjeuner, thé bouillant et biscuits que je déguste du fond de mon abris.
Et puis, et puis, et puis tout a une fin... "Plaisir" d'enfiler un tee-shirt froid et humide, un pantalon froid et humide, des chaussettes froides et humides.... "Plaisir" de s'agiter de manière mesurée pour ranger. Chaque mouvement trop ample est suivie d'une douche et, dehors, toujours la pluie, le vent, la neige.
Tout est a sa place; il faut franchir le dernier pas... La sac a dos sous une cape et c'est a présent la "joie" de plier la tente sous la pluie. Les doigts sont gourds, les gestes malhabiles. Tout est froid, humide, trempé.
Nous sommes dimanche matin et je monte dans la neige et un pierrier glissant.
Personne n'aurait un croissant ?