Un dimanche d'automne (moins autral)

3 jours et 2 nuits de bus... Ushuaia est bien loin... Et une longue nuit était bien nécessaire. Une douche froide, le silence, un vrai lit, une bonne couverture...

Ce matin, quelques gros nuages blancs jouent aux paresseux sous un ciel d'un bleu profond. Je me perds dans les ruelles de Cusco, je flâne, j'avance au hasard, monte, descend. Les ruelles sont étroites et blanches, pavées de gros galais. Toute la ville est perchée sur les collines vertes, en arc de cercle, et se regarde, s'observe. Les toits rouges font des taches de couleurs, parsèment le paysage de vie, délimitent avec précision cet étalement de maisons a 3500 m d'altitude. J'escalade une colline. Le tapis rouge s'étend, prend de l'ampleur. Au loin, un avion tourne puis se pose. Un match de foot fait monter des hurlements. Un défilé sur la Place des Armes fait résonner les cuivres, étinceler les drapeaux. Je monte au milieu des buissons. Et dérange un couple d'amoureux... La fille se cache derrière les arbustes...

La ville se dévoile avec ses cours, ses patios, son linge qui pend un peu partout, ses vallons remplis d'ordures, ses bâtiments modernes, a la périphérie, injures a l'harmonie de l'ensemble, ses églises baroques, ses places, ses quartiers populaires, favelas pauvres, baraques en tôle, fenêtres en plastique, portes en planches disjointes. Et les promeneurs, de plus en plus nombreux, ses minibus avec leur contingent de touristes, les fidèles qui discutent a la fin de l'office. Je m'assois dans l'herbe. Je sors un livre. Il fait bon. Tout simplement.

Puis je redescends, emprunte de nouveaux escaliers, de nouvelles et interminables marches. Je me rapproche des maisons. Un mécanicien travaille a l'ombre de son atelier. Une jeune femme soutient un vieux, lentement. Trois enfants costumés de manière traditionnelle et colorée, un agneau dans les bras, attendent les touristes pour la photo. De odeurs s'échappent d'un bar obscur, des bruits de verres, des bruits de voix. Ailleurs, c'est une musique américaine qui se glisse entre les planches d'une porte bleue. Un peu plus loin, une TV derrière un rideau de dentelle blanche. Une vieille, assise sur les marches, tricote de l'artisanat et attend l'acheteur potentiel.

Je m'assois a la table d'un petit restaurant, sur une place. Seule table. Quelques personnes prennent le soleil sur des bancs. Des chiens s'amusent. Une fontaine joue sa musique. Tout est a sa place. Je reste de longues heures, paresseusement, et termine mon livre avant de me lever. Il faudrait revenir... pour quelques mois...même s'il n'y a pas de croissants...