Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
D'ici et d'ailleurs
5 avril 2005

Tour d'horizon

Il est certainement peintre en bâtiment. Sa combinaison bleue est maculée de blanc. Il porte une casquette publicitaire, bleue également, délavée. Ses cheveux noirs en jaillissent tout autour. Il est 12h45; c'est la pause. Il regarde la ville du haut de ce promontoire. Sa ville. Ou bien pense t'il au village qu'il a quitté pour cet eldorado improbable...

Tout est rouge et beige, grisâtre. Les replis des montagnes se perdent sous cette avalanche de maisons en briques qui dévale, dévale et recouvre tout. Un tapis de cubes entassés, enchâssés, empilés qui se font face en demi cercle, s'observent, dominent la vallée qui s'enfuit, au loin, aride, et dominent le coeur aux immeubles d'affaire sans charme, sans originalité, sans couleur, qui se dressent mais semblent si petits, égarés au milieu de cette ville interminable.

1 000 m de dénivelé pour cet étrange amoncellement de vies. Les rues, les escaliers partent a l'assaut des hauteurs, communiquent les rêves, déversent leurs flots sans fin de bus et de travailleurs, de klaxons, de cris. De loin, La Paz ressemble a un tapis mités et bourdonnant, a un monstre étendu, immobile mais parcouru de frissons, de vibrations.

Et de près? Il y a les fourmis.

A gauche, le stade, sa verte pelouse, ses tribunes vides, une silhouette fait son jogging, seule dans cet immense vide incongru. Derrière, au loin, une maison rouge vif. On ne voit qu'elle. A ses pieds, certainement, une boulangerie avec son chaud parfum. Accroché, entre deux petits immeubles, le terrain de foot d'une école, avec ses grillages pour retenir les ballons et ses écoliers en uniforme bleu et gris qui s'amusent en riant. De l'autre coté, on devine les bâches d'un immense marché qui remonte les rues. Les étales sont réunies par spécialité: chaussures, viande, électronique, bijoux, équipements de sport, fruits et légumes, gateaux de mariage... Immense souk bruissant d'activités. Il y a aussi la rue des petites gargotes, "maquis" boliviens ou trouver sandwichs et grillades, soupes, café, maté... ainsi que les innombrables vendeurs de jus de fruits frais, tentations colorées et parfumées, raffraichissantes... Une rue semble plus agitée, plus glauque aussi. Que des hommes. Certains ont étalé quelques objets a terre. Radio, TV, téléphone portable, outils, chaussures... D'autres se contentent de circuler leurs produits a la main. Quelles en sont les origines?

Plus bas, des étales pleins de flacons, de sirops, de poudres, de statuettes en terre, de foetus de lama séchés, d'amulette... le coin des guérisseurs... Une femme, accroupie, tire les cartes. Des jeunes, cagoulés (?) cirent les chaussures.

Et quelques rues a coté, ce sont les boutiques colorées et aguichantes des touristes.

Remontons.

Certaines femmes portent encore le chapeau melon, caricature sud américaine. Des amoureux se tiennent par la main, s'embrassent. Un jeune papa aide sa petite fille dans ses premiers pas. Des policiers, gris vert, circulent, "Tourist Policia" inscrit dans leur dos. Des marchands ambulants proposent des biscuits, des bombons, des cigarettes, des fruits... Un carillon résonne. Le vrombissement d'un avion qui se pose, là-haut, a 4 000m. Très loin, quelques sommets enneigés jouent avec les nuages. A coté, des genets en fleur. Au milieu, des millions de vie qui se mêlent, qui s'emmêlent... a peine entrevues, aperçues... méconnues.

la_paz la_paz_2

Publicité
Publicité
Commentaires
D'ici et d'ailleurs
Publicité
Archives
Publicité