Nuit à la belle étoile

Petit rituel de fin de journée. Je déroule ma natte sur le sable. J’étale ma couverture colorée et la recouvre de mon drap. Je tasse mon oreiller, glisse mon pantalon soigneusement plié dessous. Je m’étends. Les yeux dans les étoiles. La voie lactée au dessus de la tête. La Grande Ours à mes pieds. Une douce brise et le silence dans les oreilles.

Puis je me retourne, allume ma lampe frontale et m’envole dans les pages du livre du moment. Magie de l’imaginaire. Les yeux demandent le sommeil, l’esprit est encore en voyage et ne veut pas revenir.

Un bruissement. Je sursaute, braque ma lampe et me relève précipitamment. Une énorme araignée se dirige vers moi à toute vitesse. 25 cm, velue, jaune pâle, presque transparente. Elle ouvre son bec en avançant. Surprise par ma réaction, elle fait demi tour et s’enfuit.

Le cœur battant, je m’allonge et me replonge dans la lecture.

Quelques minutes passent. Nouveau bruissement. Nouvelle surprise. Nouvelle visite et nouvelle fuite.

A la suivante, je commence à me contrôler et réagit moins brusquement.

A la quatrième, bien que de nouveau à genoux sous mes draps, l’araignée ne s’enfuit pas et vient se glisser sous mon oreiller. Je l’observe. Enorme. Eblouie, elle ne bouge plus et ouvre son bec mécaniquement. Je bouge. Elle s’enfuit.

Il est tard. J’éteins la lampe et m’endors. Plus de lumière. Plus de papillon à chasser. Sera-t-elle revenue ? Personne ne m’a chatouillé les pieds durant la nuit…