Les zémidjans

Une quête, c’est bien gentil, mais si on peut se simplifier un peu le travail, c’est tout de même appréciable ! J’opte donc pour « la magie des blancs », comme ils disent, l’avion, ce qui me permettra tout de même de traverser le désert dans un fauteuil climatisé et les zones de guerre hors de portée des kalachnikovs et autres ustensiles coupants, ce qui n’est pas à négliger !

La course commence donc : maison – agence de voyage – consulat – maison – service des passeports – bar – maison – agence de voyage – bar… Si on essayait de dessiner cet imbroglio de déplacements, ça donnerait un beau sac de nœuds à faire renoncer Alexandre en personne !

A Lomé, le digne allié de vos zigzags divagants s’appelle le zémidjan, ou simplement le « Z », une flotte de plusieurs milliers de moto-taxis qui sillonnent la ville en permanence. Leur fréquence est encore meilleure que le métro de la ligne D à Lyon (donc le club de foot est l’OL, soit dit en passant et sans vouloir offenser qui ce soit…). Ce n’est pas 2 mn ! Ce n’est pas 1 mn ! Ce n’est pas 30 secondes ! Non, monsieur ! non, madame ! C’est un flot con-ti-nue ! Il n’y a pas d’attente. Nulle part. Il suffit d’esquisser un mouvement du bras, de faire frémir son petit doigt ou simplement de regarder le chauffeur dans les yeux.

Après cet effort physique intense s’engage la discussion du prix de la course, avec parfois le départ du Z en cas de désaccord. Puis la chevauchée commence, slalom habile et inconscient au milieu des voitures, camions, motos, policiers, coups de klaxon, cris des marchands, poussières de la ville, peaux de bananes, chèvres, poules, ordures diverses, trous dans la chaussée (quand elle existe), moucherons apprenant à voler et crissements de frein. Mieux que les montagnes russes et le train hanté réunis ! Un sport complet qui développe les muscles des doigts crispés au porte-bagages, ceux du dos qui encaissent tous les chaos, ceux des cuisses qui s’agrippent désespérément à la selle et ceux du cœur qui doit faire face aux nombreuses et incontrôlés poussées d’adrénaline.

Et voilà ! Après une longue journée de chevauchée, j’avais obtenu… une réservation… et encore 3 tonnes de problèmes administratifs à régler en 48h !

Haut les cœurs ! Ma princesse mérite bien plus d’efforts que ces gentils amusements entre les auto-tamponneuses !