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D'ici et d'ailleurs
14 décembre 2006

A propos du TGV - 14 decembre

Regardant un peu mieux la carte et ma chambre lilliputienne (un lit entouré de 3 murs sans fenêtre avec une salle de bain qui permet de se doucher tout en restant assis sur la lunette des WC), je me dis que je ne cherchais pas au bon endroit. Une princesse habite dans un palais ! Direction donc le nord-ouest, le Radjastan, le pays des Maharadjahs ! Oui mais, c'est loin... Allons, du courage ! Je prendrai le train...

Je me rendis donc a la gare pour faire la queue et ma réservation. Bhushawal - Bundi ? Non, ça n'existe pas. Il y a Bhushawal - Itarsi (départ a 06.50, super !) puis Itarsi - Kota (arrivée a 02.15, génial !). Puis le bus... Avec courage, je montais a l'assaut et prenais mes billets pour le lendemain. Tout est complet. Liste d'attente... je suis respectivement 64e et 114e... Ca va être chaud...

06.40, après n'avoir pas déchiffré les indications en hindi, me voici sur un quai. 07.00, toujours pas le bon numéro de train... 08.00, le train a eu un accident (???), il arrivera en retard... 09.00, un train arrive sur un autre quai et avec un autre numéro. On me jure que c'est le bon ! Inch'allah ! Je monte.

Plus de place. Je m'assois sur mon sac dans le couloir, face aux WC et a la porte ouvrant sur la voie. Les gens défilent, me bousculent. J'admire le paysage d'une monotonie éprouvante. Champs de coton. Champs de cane a sucre. Champs de coton. Tiens, un champ de fleurs ! Champs de coton. Et ça recommence. Tout est plat. Finalement, au bout d'une heure, un étudiant m'invite a partager sa couchette (pas de mauvaises pensées, SVP !). Il fait jour. Il est assis. Il y a de la place pour deux.  250 km et 5h plus loin, nous entrons en gare d'Itarsi. Changement de train. Escale de 45 mn, en théorie...

Je m'assois sur un banc en marbre noir. Les annonces en hindi et en anglais se succèdent d'une voix mécanique, sans interruption. Soudain, un train entre en gare. Les marchands, silencieux derrière moi, se mettent a hurler pour vendre leur thé, leurs beignets, leurs assiettes de riz. Quelques passagers se précipitent pour remplir leurs bouteilles d'eau et déjà le convoi repart. Les petits vendeurs qui étaient montés dans les wagons, tous en veste bordeaux et pantalon noir, redescendent en marche. Et le quai retrouve sa sérénité, avec ses agents ferroviaires féminins en sari bleu ciel, une broche sur l'épaule au nom de la compagnie, son équipe de balayeurs qui poussent toutes les ordures sur les voies avant de les nettoyer au karcher, de les repousser... un peu plus loin? Un homme remonte les rails avec un grand sac de poudre blanche qu'il jette a la volée tel Auguste le Semeur. Ca prend a la gorge. Ca brûle les narines. Du chlore. Pur. Une mendiante de 4 ans vient jouer du tambour sur une assiette métallique a mes pieds, puis exécute trois mouvements de gymnastique. Elle arbore quatre fleurs dessinées sur le front, le menton et les joues. Triste clown...

En fin de compte, le train n'aura que 2h de retard. Raisonnable. Et n'arrivera pas sur le bon quai. Normal ? Toujours pas de place... Je me réfugie dans un placard désaffecté. Les étagères, espacées de 50 cm, me permettent de m'asseoir... Presque confortablement...Courbé... Les heures défilent et la température diminue. 25c. 20c. 15c. 10c. Je sors mon pull. J'enfile des chaussettes. Les passagers se réfugient sous leur couverture. Le train est plein de courants d'air. Un steward me propose une couchette pour 1 000 roupies (30 euros), trois fois le prix de mon billet ! Je refuse. Finalement, un père se serre contre son fils et me prête sa couchette ! Les trois dernières heures seront allongées mais sans sommeille. Il faut que je vérifie chaque gare pour ne pas louper mon arrêt !

04.15, nous arrivons. Je suis transis. Un thé brûlant me réchauffe et je m'assois pour attendre l'aube avant d'aller chercher mon bus. La gare est pleine de passagers étendus qui font de même. Un immense dortoir de couvertures trop fines, de colis en vrac.

06.15, j'attrape un rickshaw. Le vent de la course est glaçant. Un nouveau thé bouillant, très sucré, bourré de gingembre a la gare routière. Encore 01.00 de zigzag mortels entre les camions décorés tels des arbres de Noël et les chars a buffles sur fond de levé de soleil et j'arrive a Bundi. 26h de voyage.

Un immense bassin d'eau apaisée ou se reflète une ville bleue claire éclaboussée de bougainvilliers éclatants, un palais ocre dans la lumière de l'aube ou s'accrochent de multiples balcons suspendus et des clochetons ajourés, et un fort militaire qui domine l'ensemble. Fabuleux. Des singes se poursuivent sur les murs, chapardent les offrandes des temples. Des perruches vertes survolent les terrasses. Des vaches bossues sillonnent les rues aux murs colorés de fresques lumineuses. Des élèves en uniforme bien ajusté et des dizaines de cerf-volant qui pointillent le ciel. La ville se réveille. Je m'assois émerveillé. Je m'endors. Monia ne peut plus être loin...

PC150063

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