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D'ici et d'ailleurs
26 décembre 2006

Batticaloa – 26 décembre

PhareUn phare blanc, désaffecté, domine la lagune, l’océan, d’où  est venu la vague que rien n’a arrêté et personne n’a oublié. Il ne brille plus depuis longtemps sous les étoiles qui le regardent. Déjections des corbeaux, peinture écaillée, béton effrité, échelons rouillés, son escalade est triste, comme les retrouvailles d’une personne vieillie, décrépie, devenue inutile et qui attend, simplement, une nouvelle chance, une seconde vie.

De la terrasse qui entoure la lumière à présent éteinte, le regard se perd sur l’immensité des vagues, sur l’immensité des arbres. Entre les deux, quelques pêcheurs naviguent ou tirent leur filet. Le sable est nu là où la vague a tout arraché. Seuls quelques troncs sectionnés à mi-hauteur témoignent encore du combat perdu. A leurs pieds, de nombreuses jeunes pouces, bien alignées, rangées en ordre de bataille. L’homme souhaite regagner le terrain cédé. Ou se protéger. Ou simplement agir, pour refuser la fatalité. Ou contenter toutes ces ONG si gentiment arrivées.

Plus loin, sous les palmiers, il y a des toits rouges. C’est tout ce que l’on voit. Et pourtant, sous ces palmes, il y a aussi la guerre, les armes, la destruction. Il y a encore la mort.

Alors il faut descendre de ce phare qui s’illumine dans le soleil levant pour aller voir, simplement, la réalité, les tentes des réfugiés, les familles abandonnées. Parfois, la hauteur du point-de-vue cache la vérité. Du sommet de mon humanitaire, de mon savoir, de mes expériences, comment vais-je comprendre le quotidien de ces personnes qui me sourient ? Le meilleur moyen de les accompagner sur le chemin de la vie ? Leur besoin, ou non, d’une main tendue, d’un projet en commun ?

Noël… Une trentaine de travailleurs humanitaires du monde entier se retrouve à l’étage d’une maison cossue pour partager bières, musique, gâteaux et discussions. En face, une femme montre à son enfant toute cette agitation. Ils nous regardent. Longtemps. Que pensent-ils ? Qu’en pensent-ils ?

Des nuages cachent peu à peu les étoiles. La masse claire du phare se dresse dans la nuit. Inutile. Qui viendra rallumer la lampe ?

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