Show

Imagines. Un immense amphithéâtre, tout en boiseries, marbres et moquettes assorties. Une grande coupole métallique en forme de géode fait office de ciel et des dizaines de projecteurs remplacent le soleil.

Imagines, sur les gradins, des centaines de figurants, écoliers en uniforme blanc et cravatés, jeunes filles en voiles colorés et multicolores. Tous munis d'un petit drapeau à la gloire du Pakistan et d'un second en l'honneur d'ERRA, cette formidable machine administrative en charge de la reconstruction suite au tremblement de terre d'octobre 2005.

Puis imagines le parterre de officiels: militaires moustachus, galons sur la poitrine et étoiles aux épaulettes, fonctionnaires des Ambassades, des Nations Unies, des Organisations Internationales, portant complet noir et cravate aux mêmes teintes, faussement décontractés, mains dans les poches, formant de petits groupes aux discussions feutrées. Dans un coin, les seules femmes, assises dans des fauteuils roulants, jouent le rôle des victimes reconnaissantes venues mettre un peu de couleur et de chaleur humaine, prêtes à agiter en cadence leur petit drapeau patriotique.

Imagines des écrans géants aux murs, des fauteuils en cuir clair au centre, attendant les invités d'honneur, des petits sacs en papier remplies de brochures glacées et dithyrambiques pour chaque participant, des gerbes colorées sur l'estrade et, dominant l'ensemble, le box des interprètes et journalistes tandis que les photographes officiels chauffent leur appareils sur des portraits figés.

Imagines maintenant, au milieu de toute cette calme agitation organisée et guindée, un alien en jean bleu et chemise beige, qui a tout de même renoncé à ses sandales, et qui tourne la tête de tous côtés.

Soudain, les projecteurs s'allument en douceur et jettent sur l'ensemble de la scène une violente clarté blanchâtre. Le brouhaha augmente puis s'apaise. Les têtes se tournent vers la droite, la gauche. Expectative. Les fauteuils des personnalités se remplissent peu à peu. Cheveux gris, rides, lunettes sur le nez, fronts dégarnis, canes. Le poids des responsabilités semblent peser sur ces hommes avachis.

Un militaire s'approche du micro. Le silence tombe sur la salle. Les derniers retardataires gagnent leur fauteuil. Le Président de la République entre enfin dans un cortège d'uniformes. Il salue l'assistance qui s'est précipitamment levé et qui l'applaudit, avant de gagner son fauteuil et de s'asseoir.

Le show d'auto-congratulation en l'honneur du Pakistan et de la Communauté Internationale peut commencer !

Comments

[kenzo]

Et j'imagine que l'Alien en question jean bleu délavé et chemise beige c'était toi ... et oui dur dur de passer chez son pote récupérer un costard et une chemise blanche ...!!! dois je en conclure que tu étais en chaussures noires .... tu n'aurrais pas tombé aussi bas !!!!