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D'ici et d'ailleurs
31 mars 2008

Real Politik 2

Il y a un évènement dont vous n’avez certainement pas entendu parler. Entre le 19 février et le 8 mars, la région d’Obo, à l’extrême sud-est de la Centrafrique, a été victime de quatre attaques majeures. Plus de 400 combattants en uniformes dépareillés ont ainsi pillé plusieurs villes de manière très organisée : repérage quelques jours en avance, entrée dans les villes la nuit, en silence, absence de coups de feu, ordres donnés par des coups de sifflet brefs… Aucun mort a déploré mais un pillage systématique des rares possessions des habitants de cette région enclavée et isolée, viols collectifs, et, au minimum, 157 personnes enlevées pour transporter le butin mais également, possiblement, pour un recrutement forcé.

 

Mi-mars, après de nombreuses difficultés logistiques, les Nations-Unies ont dépêché une mission sur place afin d’évaluer la situation. Un climat de terreur semble régner et de nombreux habitants préfèrent encore dormir dans la brousse. Le camp des assaillants, à proximité des frontières soudanaise et congolaise, semble être démantelé mais pour combien de temps ? La petite quinzaine de gendarmes qui est sensé assurer la sécurité de cette préfecture aura bien du mal à se protéger elle-même en cas de nouvelles attaques.

 

Qui sont ces assaillants ? Le mode opératoire. Les langues utilisées. Les indications géographiques sur leur origine. Les objectifs. Tout semble indiquer que nous avons à faire à la LRA, l’Armée de Libération du Seigneur, mouvement rebelle ougandais en fuite depuis des années et navigant entre la RDC, le Soudan et la Centrafrique.

 

De retour à Bangui, les membres de la mission parlent, témoignent, communiquent. Ils donnent des interviews à des médias nationaux et internationaux. Mais quelques heures plus tard, coup de fil de New-York, le siège des Nations Unies : « on ne parle pas de la LRA. On ne la cite pas. On ne l’évoque pas. » Branle-bas de combat. Il faut rappeler les journalistes et leur demander d’oublier, d’omettre, d’effacer.

 

Depuis plusieurs années, les Nations Unies se démènent en effet pour ramener la paix dans le nord de l’Ouganda et présenter les chefs de guerre devant la justice. Depuis quelques mois, les négociations se rapprochent de leur conclusion : le dépôt des armes et l’arrestation des leaders. Il est hors de question de faire capoter des années de travail et des millions de dollars pour quelques centaines de malheureux supplémentaires vivant dans une région qui existe à peine sur les cartes et où personne n’ira jamais. La paix mérite bien quelques viols supplémentaires et quelques enfants de plus avec une kalachnikov dans les mains ! 

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Commentaires
M
Je suis ressortissant de la ville d’Obo à l’Est de la Centrafrique, je vie au Gabon. Il s’agit là de mes parents directs car ces hommes sont sortis dans ma ville natale. Il me semble qu’ils ont même emporté ma fille qui n’a que 12 ans.<br /> <br /> La population de cette ville est déjà massacrée par la misère, ces rebelles sont venu seulement achever la disparition d’une partie paisible de la Centrafrique.
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